Joue-la comme Raymond Queneau !

“Exercices de style”, à la manière de…

Les faits

Je me promène sur les quais de Seine. Mon portable sonne. Un message de mon amie Aurélie qui n’habite pourtant plus à Paris : “Rendez-vous dans 1 heure au n°58 de la rue des Écoles”. Me faisait-elle la surprise de sa venue ? Hélas, non. Il me fallait juste me rendre à cette adresse et donner mon nom. Bizarre… Elle m’assure qu’il n’y a aucun piège. Pas d’enlèvement, ni de rencard avec Leonardo Di Caprio (je ne suis pas très présentable avec mes cheveux sales).

Et en effet, rien de tout ceci n’arrive. Le 58 est une librairie où un cadeau m’attend sur le comptoir : “Exercices de style” de Raymond Queneau.

Prise sur le vif.

À l’origine de cette délicate attention : une lacune. J’étais jusqu’à présent passée à côté de cette petite merveille d’écriture. Le principe ? Une brève histoire racontée 99 fois, de 99 manières différentes par le facétieux Raymond Queneau.

À mon tour, j’ai voulu m’attaquer à cette exercice de styles en reprenant, non pas 99 fois je vous rassure, mais 3 fois mon histoire.


Conversation WhatsApp

Aurélie : Tu veux pas te rendre au 58 de la rue des Écoles d’ici 1 heure ? Il n’y a pas de piège.

Sophie : Mais tu es à Paris ???

A : Non 😞 J’aurais tant aimé.

S : Je ne comprends pas… (je dois avoir le cerveau cramé)

A : C’est normal. Comme dans les films : je te demande juste de me faire confiance. Rdv au 58 et dis que tu es Sophie Reungeot. Y’a pas d’entourloupe.

S : Heu oui, je peux y être, mais je suis déjà en balade sur les quais et j’ai les cheveux crades !

A : 😂 Cela n’a aucune espèce d’importance.

S : Est-ce que je vais me faire enlever ? 😱

A : Normalement non.

S : C’est pas Leonardo Di Caprio non plus ?

A : Non, surtout que maintenant que je sais que tu es “capillairement” parlant pas au top, je ne ferai pas ça ! À tout à l’heure, quand tu auras découvert le pot aux 🌹

S : Un livre de Raymond Queneau ! Merci, quel formidable cadeau 💜


Angoissé

C’était arrivé tandis que j’errais sous les ombres hostiles des arbres décharnés des quais de Seine. Une sonnerie, une terrible nouvelle sans doute… À mon grand soulagement, il ne s’agissait que d’un message de mon amie Aurélie, cependant son contenu sibyllin me figea : “Rdv dans 1 heure au 58 de la rue des Écoles. Pas avec moi, hélas. Donne impérativement ton nom”. Les pattes puissantes d’un monstre invisible se refermèrent sur ma gorge. Allais-je me faire enlever par une obscure organisation ? Ou pire, cette prétendue amie avait-elle comploté un tête-à-tête avec Leonardo Di Caprio ? Vous comprenez, mes cheveux étaient dans état désastreux. Même par message, son rire me retourna les tripes. Ça empestait le piège.

Pourtant une force surnaturelle me conduisit au 58 où un libraire de sinistre allure me guettait depuis son comptoir. Ses doigts tentaculaires poussèrent un petit paquet devant moi avant que je m’évanouisse. “Ce n’est que du Raymond Queneau, Madame” l’entendis-je éructer sardoniquement.


Chébran (texte à haut potentiel de lose)

Je zonais dans le tiéquar. Tranquille, OKLM sur les bords de Seine. Et là, je reçois un message trop chelou de ma gow Aurélie, comme quoi je devais me pointer fissa au 58 de ma street. Sérieux c’est quoi les bails ? Je suis en PLS. La meuf me sort : “Y’a R ! Va juste là-bas et balance ton blase. T’inquiète, j’te la fais pas à l’envers !” J’espère que c’est pas un gros mytho, que je vais pas me faire alpaguer par un thug, ni avoir un date avec Timothée Chalamet (la hchouma avec mes veuchs de grosse crado). Bon, j’fais genre j’suis déter, mais en vrai je suis flippée de ouf.

En deuspi, je débarque au 58 où un gadjo me file un bouquin trop stylé de Raymond Queneau. T’as dead ça, cimer Aurélie !

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